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 baby you're a mess.

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MessageSujet: baby you're a mess.   baby you're a mess. EmptyJeu 20 Juin - 19:34

Jane lui avait dit de passer en fin d’après-midi, début de soirée. Pour l’apéro, en gros, d’où le fait qu’il arrive devant chez elle avec un pack de bières dans une main et des gâteaux dans l’autre. Jane avait beau être bien entourée (amis, famille et surtout : babysitter), elle n’en restait pas moins seule. Il avait cru comprendre qu’elle fonctionnait un peu comme lui, sentimentalement parlant : en enchainant les coups sans lendemains durables, ce qui devait sans aucun doute alourdir sa conscience à cause de la présence de Mickey. Mais Jane n’avait pas demandé à être mère, et ce poids qu’elle supportait mieux qu’un soldat Prusse, il le voyait au-dessus de ses épaules dès qu’il la regardait. Elle est belle, Jane, comme la plupart des filles qui ont des emmerdes, elle a ce regard lourd de chanteuse de jazz qui a l’air d’avoir vécu mille ans, et ce corps d’Aphrodite qu’elle n’a pas décidé d’avoir. Elle a le monde a ses pieds, et elle lui tourne le dos, Jane, elle gueule contre la vie, attrape dans ses bras tout ce qu’elle peut y faire tenir et danse sur un pied contre le fil du rasoir. C’est le genre de fille qui a perdu beaucoup et qui a tout à gagner. Il peut pas passer à côté. Il presse la sonnette, et la voix de Jane lui parvient depuis l’intérieur en lui disant d’entrer, que c’est ouvert. Il s’exécute et referme derrière lui, pose les victuailles sur le bar de la cuisine et s’engage dans le couloir pour les retrouver tous les deux. Mickey est allongé sur la table à langer, comme une grenouille, ses petites jambes potelées en l’air pendant que Jane entreprend de changer sa couche. Il tourne la tête vers Lester au moment où il entre dans la salle de bain, gazouille en lui adressant un sourire sans dents à faire fondre un bonhomme de neige. Lester sourit à Jane avant de se rapprocher pour lui faire la bise et caresser de l’index la main minuscule de Mickey. Il attrape la couche par les deux côtés et fait signe à Jane de se pousser. « Je m’en occupe, repose-toi. » Jane s’éclipse volontiers et le laisser Mickey aux mains expertes de Lester, qui s’éclate comme un gosse. Il n’a jamais su parler aux bébés comme certains, en prenant une voix de con et en s’exprimant dans un langage approximatif : il leur parle toujours normalement, et on dirait bien que ça leur plait beaucoup, même s’ils captent rien. Il teste les produits, le talc, fait des chatouilles à Mickey, lui mange le cou pour l’entendre rire aux éclats (les rires des bébés, y’a que ça de vrai), se marre, le met en pyjama (barboteuse) et quitte la salle de bain avec lui dans les bras. La trotteuse est devant la chambre, et il glisse Mickey à l’intérieur avant de l’emporter jusqu’au salon, où il le dépose sur le plancher tandis que le gamin s’éclate déjà à rebondir sur place et à taper dans ses mains. Jane est déjà sur le canapé, bière en main, et il l’observe un instant avant d’aller s’en chercher une à son tour. S’il avait décidé de ne pas se gêner, il la regarderait plus longtemps, sans s’arrêter, détaillerait chacun de ses traits, depuis son petit nez retroussé au bleu délavé de ses yeux, mais il n’a pas envie de créer de malaise avec Jane. Il vient pour Mickey, et parce que Jane est sympa, c’est tout. Il décapsule sa bière et s’assoit à côté d’elle, le dos rond, le regard fixé sur Mickey. « Tu t’en sors ? » Il demande après un silence.  
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Jane Blythe

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MessageSujet: Re: baby you're a mess.   baby you're a mess. EmptyJeu 20 Juin - 20:35

Tu sais parfois, je ferme les yeux, pendant une minute qui me semble durer une éternité, et une partie de moi espère que le berceau où Mickey dort, ne sera plus là une fois les yeux ouverts. Qu'il est bien là où il devrait être, auprès de toi, auprès de Grayson. Je l'espère si fort, tu sais, que je ferme mes yeux avec force, comme si ça allait changer quelque chose, comme si ça allait véritablement marcher. Mais voilà, j'ouvre les yeux, qui me pique légèrement après avoir été seule avec le noir, et Mickey est là, dans son lit à barreaux, semblant s'ennuyer ferme. Je ne sais pas si c'est l'envie ou l'automatisme qui me guide, qui me pousse à me diriger vers Mickey, mais je me lève du lit pour le prendre dans mes bras : il me fixe longuement, et je réalise que je n'ai pas noté le jour où il a, pour la première fois, maintenu le regard, ce genre de petits évènements qui semblent relever du miracle pour les « vraies » mères. Sa main s'invite sur mon bouche, et alors, bêtement, contre sa paume, j'émets des bruits loufoques, faisant vibrer sa main, ce qui le fait, évidemment, rire aux éclats.

Au point même, que le blondinet se lâche, et fait dans sa couche. C'est drôle, parce qu'une fois, j'ai regardé ma mère changer la couche de Mickey, et elle devait se pincer le nez pour ne pas vomir, ce qui m'a fait évidemment rire. Puis elle m'a regardé, avec son air de dégoût, et m'a simplement dit qu'avec nous, elle n'avait jamais eu de problèmes, c'est quand elle s'attaque aux bébés des autres, que ça relève de l'impossible, pour elle. Le bébé des autres. Du coup, à chaque fois que je dois changer la couche de mon neveu, je me rappelle que je ne suis que sa tante, parce que j'ai un véritable problème avec sa puanteur. C'est à ce moment-là que la sonnette s'est décidée à retentir, ce à quoi j'ai hurlé qu'il fallait rentrer, que c'était ouvert. Grâce (ou bien à cause) du parquet, je reconnais la façon de marcher de Lester, ce qui me met, sans véritablement comprendre, un coup de pression : la salle de bain sent clairement la merde, et je veux pas qu'il pense que je suis négligée. Je veux pas non plus qu'il pense que je m'occupe mal de Mickey, ce qui est un peu idiot, parce qu'après tout, je devrais m'en moquer de ce que pense Lester à notre égard, non ? « Je m’en occupe, repose-toi. » Je suis à deux doigts de lui demander s'il pense vraiment ces paroles, mais ces gestes les confirment, puisque l'éducateur prend les devants sans attendre, et je dois avouer qu'immédiatement, je suis soulagée. Parce que mes colocataires, ils aiment Mickey, c'est pas le soucis, ils aiment passer du temps avec lui... Mais quand il s'agit de changer la couche, c'est une autre histoire.

Je quitte donc la salle de bain, mais arrivée dans le couloir, je ne peux m'empêcher de me retourner pour jeter un regard furtif sur Lester et Mickey, qui semblent s'entendre à merveille, entre les rires et les baisers partagés. On parle toujours de l'instinct maternel, mais quand je vois monsieur Valentyne se comporter de la sorte, je sais bien alors, qu'il y a aussi l'instinct paternel, et ça me réchauffe instantanément le cœur -en tout cas, indéniablement, il a plus d'instinct que moi. « Tu t’en sors ? » Cette question, je ne saurais dire combien de fois je l'ai entendu depuis que j'ai Mickey, alors qu'avant, on s'en foutait de comment j'allais, de comment je m'en sortais avec ma vie et de toutes ses emmerdes qui s'en suivent. Généralement, quand les autres me posent cette foutue question, je réponds un « ouais ouais » indifférent, parce que je sais bien que c'est la réponse qu'ils veulent entendre. Avec Lester, c'est différent, et je pense que c'est du à son métier -ou alors il est juste sympa, mais je crois pas. « Tu crois que c'est normal, que parfois, j'ai envie de l'abandonner dans une forêt en espérant qu'une maman singe et un papa singe l'adoptent ? » Ouais, mais là, j'ai peut-être été trop sincère. Alors je panique, et comme à chaque fois que la panique m'envahit, je la cache derrière un énorme rire plus effrayant que drôle, en prétextant la blague (très mauvaise). « Plus sérieusement, je saurais pas vraiment dire. Tu trouves toi, que je m'en sors ? Tu penses que pour l'instant, ça va, il ne risque pas trop de finir sociopathe ? »
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MessageSujet: Re: baby you're a mess.   baby you're a mess. EmptyJeu 20 Juin - 22:36

Jane, elle a cette étrange sincérité, qui dérange et qui tord le bide, cet humour qui se veut distant et détaché mais qui n’arrive pas à cacher sa profondeur, qu’on peut lire dans ses yeux pendant qu’elle parle. On sent qu’elle a peur, et dans ses mots, il y a quelques notes de désespoir qui s’immiscent, et son rire, c’est un effort jeté au visage de l’autre, celui qui la regarde et qui ne peut pas l’aider. Parce que personne ne lui rendra sa sœur, et personne ne lui reprendra cet enfant qu’elle a adopté malgré tout. Il lui jette un regard en coin, se demande si elle pleure, quand elle est seule et que Mickey dort à poings fermés, et s’il y a quelqu’un pour la prendre dans ses bras lorsque ça arrive. Il ne lui demandera pas, bien sûr, il joue le jeu et la laisse venir à lui, lui faire croire ce qu’elle a envie, et il fait semblant d’y croire. Elle lui dit qu’elle plaisante en éclatant de rire, il sourit en coin, feint d’avoir compris la blague, quand il sait que ça n’en est pas une. Un bébé, c’est pas seulement un poupon qui dort et qui mange, c’est une décision que certaines mettent des années à prendre, un bébé, ça épuise, ça tue, ça déchire, un bébé, ça prend trop de place et il faut s’ouvrir pour lui en faire, être prêt à laisser sa vie de côté pour lui offrir la sienne. Parce qu’un bébé, il a plus besoin de toi que tu n’as besoin de lui. Alors imagine, si tu sais que tu pourrais parfaitement t’en passer… l’écart devient trop grand entre tes besoins et les siens. Lester croise le regard de Jane, plutôt fuyant, consciente qu’elle est d’en avoir trop dit, d’avoir été atroce, politiquement peu correcte, mais elle a oublié qu’elle est avec lui, pas avec un autre. Lui, il trouve le moyen de sourire pour de vrai. « Même pas cap. » Lester, c’est pas vraiment un papa poule, les gamins dont il s’occupe le savent. Pendant les transferts en campagne ou à l’océan, il menace les têtes brûlées de les abandonner dans les bois, ou encore de les enterrer dans le sable dès que l’occasion s’y prête. Il a déjà chanté « pumped up kicks » devant une école maternelle, sous le regard choqué d’une maitresse, et la dernière fois que Brandon lui a montré son dernier dessin (censé représenter une usine de poneys), il a affirmé qu’il était clairement laid. L’éducateur n’est pas le père, pas la douceur, pas la compassion, pas là pour épargner les enfants des duretés de l’existence auxquelles ils sont chaque jour confrontés depuis leur naissance. Des mômes perdus, mal aimés, maltraités, il en voit à longueur de journée. Des futurs sociopathes ? Oh, il en connait quelques-uns. Des mômes aux familles éclatées, aux mères dépressives et aux papas absents, livrés à eux-mêmes et déambulant dans les rues de New York en pissant dans leur caleçon trop grand ou trop petit pour eux, ils grandissent en freestyle et la vie leur tombe dessus sans qu’une main bienveillante épargne leur petit crâne du choc de la collision. Les enfants qui ont connu le manque, la perte, deviennent les plus sensibles et les plus forts des hommes de ce monde. Lester affirme souvent qu’il a avec lui les gamins les moins cons de la ville. Peut-être aussi parmi les plus malheureux. Mais ces gamins-là ont compris que la vie ne fait pas de cadeau, et que chaque instant de bonheur est à saisir à pleines mains. Ces gamins-là, ils vous mesurent la joie en un coup d’œil et un rire stupide, ils vous chantent le malheur en le fredonnant d’un air léger, comme si que le monde meure n’était qu’un jeu. Lester regarde Jane, encore un instant, puis Mickey, puis de nouveau Jane, et affirme d’une voix douce avec sérieux : « Pour l’instant, aucune maman singe ne t’arrive à la cheville. » Il sourit, et, parce qu’il ne veut pas la mettre mal à l’aise, il se lève pour rattraper Mickey qui partait dangereusement en avant sur la trotteuse. Ça va, on sait, il est trop petit pour ce genre de trucs, on met pas un gamin là-dessus avant au moins un an, mais il adore ça, alors pourquoi pas ? Il faut seulement ne pas l’y laisser trop longtemps. Mickey dans les bras, il se dirige vers la chaise haute de la cuisine, dans laquelle il l’attache fermement, avant de se tourner vers l’évier en quête du biberon à stériliser. Il s’affaire pendant que Jane a l’occasion de ne plus penser qu’à elle, pour une fois, ça ne lui fera pas de mal. Mickey gueule ce qui semble être une tentative de chanson, ça le fait rire et il chante avec lui pendant que le biberon chauffe. A cinq mois, Mickey se tient déjà assis comme un grand, tête droite sur son petit cou aux plis multiples, preuve de sa maturité. Il ressemble à Jane, c’est dingue comme il lui ressemble, le nez, la forme des yeux, le bleu électrique, et la paille blonde sur la tête, ce visage poupon tout rond, à croire qu’il avait compris qu’il n’aurait pas de père digne de ce nom et qu’il valait mieux ressembler à ceux qui sauront l’aimer. Lester lui dépose le biberon entre les mains pour voir s’il va capter comment on s’en sert. Mickey le chope entre ses doigts écartés et l’approche de sa bouche, le renverse et tête sans s’arrêter, comme si le lait allait s’évaporer s’il ne l’aspire pas en entier dans la seconde. Assis à côté, Lester le lui retire des mains. « Hé, Mickey, t’as aussi le droit de respirer… » Mickey termine son repas et Lester le prend de nouveau dans ses bras, lui fait faire son rot, et s’approche de Jane. « Je vais le coucher, occupe-toi de toi, d’accord ? » Elle doit sûrement avoir des tas de trucs à rattraper, pour ses cours, sa vie privée, des mails et des messages Facebook à checker : qu’elle le fasse, ce soir, c’est lui qui gère le petit. C’est facile. C’est facile quand on n’est pas le père et qu’on ne vient aider que lorsqu’on est dispo, qu’on en a envie. C’est facile, mais il fait ce qu’il peut. Il lit une histoire à Mickey – qui s’en balance totalement et préfère de loin jouer avec le pendule au-dessus de son lit – et finit par le laisser s’amuser avec un ours en peluche qui fait de la musique par le ventre. Il allume le bébéphone et emporte l’autre moitié du talkie-walkie avec lui, histoire d’être au courant si jamais Mickey se met à brailler. Jane est retournée sur le canapé (qu’elle n’a peut-être jamais quitté, il n’en sait rien), et il se rassoit à ses côtés, les mains croisées l’une dans l’autre entre ses jambes. Pourquoi sa mère ne l’a-t-elle pas accueillie chez elle avec le bébé, pour l’aider, la soutenir quand il faut se lever en pleine nuit, la soulager sans l’obliger à payer une baby-sitter pendant qu’elle est en cours, en stage… ? Plus ça va, et moins il imagine les parents de Jane en bons parents généreux et attentifs. Ce qu’il va lui dire, il l’a longuement médité, il y pense depuis des semaines, sauf qu’il a peur qu’elle le prenne de travers, qu’elle comprenne mal, et qu’elle s’imagine des trucs. Sauf que ce soir encore, il la trouve démunie, avec son rire épuisé, ce soir encore, il comprend à quel point c’est important, ce qu’il fait, même si c’est presque rien, de lui donner quelques minutes pour elle comme si Mickey n’existait pas, pas pour de vrai. « Si jamais tu veux quitter cet endroit, tu sais, si … si c’est pas pratique avec tes colocs, la nuit et tout… » Il tente un coup d’œil, mais le bleu vif de son regard lui coupe la parole, alors il retourne au tapis. « Tu peux venir chez moi, avec lui. Le temps qu’il faudra. »  
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Jane Blythe

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MessageSujet: Re: baby you're a mess.   baby you're a mess. EmptyDim 7 Juil - 12:52

« Pour l’instant, aucune maman singe ne t’arrive à la cheville. » Super, maintenant, je sens que mes joues deviennent un peu plus rosies qu'à la normale, rougissant bêtement au compliment de Lester. Alors je me tourne, semblant avoir un soudain intérêt pour la fenêtre menant sur le quartier, en espérant ne pas avoir été découverte. Je ne sais pas si tu me vois en ce moment Romy, mais si tu le fais, tu dois probablement être en train de rire, au point de ne plus pouvoir respirer -quelle pensée ironique. Toi, mon second moi, tu le sais bien qu'avant, la peur, la gêne et la honte, je ne connaissais pas. Et maintenant que j'ai compris que tout était instable, éphémère, je me mets à rougir à une putain de petite remarque -parce qu'au final, je ne sais pas si c'est vraiment un compliment. Tu vois Romy, comme ta mort m'a affectée ? En plus de me bouleverser, elle m'a changée.

Lester attrape Mickey pour le nourrir, et j'arrive pas à savoir comment il fait, pour que tout soit aussi naturel. Moi avant, je devais noter le nombre de biberons qu'il devait boire, me mettre des réveils à tout va, essayer de lire des bouquins pour jeune maman, sans jamais rien y comprendre. Je crois qu'une partie de moi est jalouse de sa façon si aisée de s'y prendre, moi aussi, je veux cette assurance. Néanmoins, l'autre partie ne peut s'empêcher de se sentir instantanément plus légère lorsque l'éducateur prend les devants. Pendant une minute ou deux, je ne peux m'empêcher d'imaginer Grayson, à la place de Lester, et cette vision me fait immédiatement sourire, peut-être parce que je sais, que c'est ce Romy voudrait. « Je vais le coucher, occupe-toi de toi, d’accord ? » M'occuper de moi. Quand il émet cette idée, je crois que je ris légèrement, un peu ironiquement. Alors je tente de trouver une occupation, un truc à faire, je sais que j'ai plein de choses en attente, mais finalement, tout ce dont j'ai envie, c'est de rester sur ce canapé, à boire cette bière. Après tout, c'est une façon comme une autre de s'occuper de soi, n'est-ce pas ? Plus vite que je ne le pensais (ou alors je me suis endormie légèrement entre temps), Lester est de retour à côté de moi, et je lui souris, légèrement, pour lui prouver ma gratitude, ayant toujours eu du mal à prononcer le mot « merci » à voix haute, me semblant être un signe de soumission. « Lester, quand je t'invite chez moi, ce n'est pas pour que tu t'occupes de Mickey, tu le sais ça, n'est-ce pas ? Parce que je ne veux pas que tu penses ça. » Je dis, en le regardant longuement droit dans les yeux. Et il y a un truc qui se passe, quelque chose qui chatouille entre mes cuisses, alors que j'avais l'impression que cette partie de mon corps s'est éteinte. Et merde. C'est là que je réalise, que depuis que Mickey est avec moi, jamais mini Janie n'a rencontré un monsieur pour s'occuper d'elle, et que mine de rien, elle est en manque. Alors je cache ma tête dans un des coussins des canapés, comme si ce geste pourrait calmer mes pulsions, mais il en est rien.  «Tu peux venir chez moi, avec lui. Le temps qu’il faudra. »

Je crois que je ne sais plus vraiment ce qu'il se passe, au point même, que je mets du temps à comprendre sa proposition. Je ne sais pas si je suis flattée ou effrayée par tant de gentillesse, dans tous les cas, je crois que je panique, et je suis heureuse d'avoir encore la tête dans le coussin pour qu'il ne voit pas mon état, encore une fois. Il est vrai que sa proposition est agréable, et que ma vie serait immédiatement plus simple, moins précipité. Bien sûr, si ce n'était que moi, j'aurais dit oui, sans aucun doute, mais ne serait-ce pas bien trop tordu que Lester joue le rôle de père ? Alors que je joue déjà le rôle de mère, n'y aurait-il pas trop de faux semblants dans la vie du gamin ? Avec tout mon courage, je retire ma tête du coussin, croise les jambes sur le canapé et me mets bien en face de Lester, en espérant savoir expliquer tout ce que je ressens, sans être maladroite. « Je ne sais pas si...Si c'est le meilleur choix pour Mickey, tu comprends ? C'est carrément le foutoir ici, c'est même n'importe quoi, mais il s'est habitué à Briony, qui le nourrit le matin. A Everett, qui fait semblant de voler ses peluches, à Noah et tous ses stylos rouges éparpillés partout dans la maison. » Finalement, je me lève, n'ayant jamais parvenu à rester calme face à une situation qui me dépasse. Je fais quelques pas pour m'asseoir dans le fauteuil situé en parallèle au canapé, pour me relever aussitôt. « Et puis merde, attends, on joue à quoi, là ? Tu nous imagines tous les trois, dans ton appartement ? On aurait l'air d'un petit couple bien rangé alors que tu sais rien de moi. Tu sais pas combien je suis dérangée, que ça m'arrive de mettre de l'eau dans mes céréales parce que j'aime pas le lait, que je tape dans les murs, parfois, comme ça, sans raison. Vingt-quatre heures avec moi et déjà, tu regretteras. » Je sais pas pourquoi je m'énerve vraiment, il m'a toujours fallu des boucs émissaires, et généralement, c'est les plus gentils dans le genre de Lester qui prennent. « Et puis moi non plus, je sais pas vraiment qui t'es. Peut-être que d'un coup, tu vas te relever être un psychopathe pervers. Pire encore, pédophile ! » Je dis, avec une voix plus posée et en me laissant tomber avec nonchalance dans le fauteuil.

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