TC/ sail with me into the dark (soirée au parc).

~ soirée à prospect park ~



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Une soirée a été organisée dans le parc de Brooklyn, en l'honneur des Dodgers. La victoire de l'équipe locale de baseball est le prétexte idéal pour organiser une fête à Prospect Park, alors que le retour des beaux jours permet de passer la soirée en extérieur. Des lampions bleus et blancs, aux couleurs de l'équipe, ont été installés. On a aussi disposé de longues tables entourées de bancs à proximité de quelques stands de nourriture et de boisson, et des chaises longues sont placées par-ci par-là tandis que des bougies éclairent l'ensemble de la scène. Il est vingt-et-une heures, la nuit commence seulement à tomber et les premiers convives arrivent, formant des petits groupes animés. Un groupe de musique commence à s'installer dans le kiosque, surplombant légèrement le parc. Dans le ciel sans nuages, on peut presque apercevoir des étoiles et malgré une légère brise, la température est encore agréable. La nuit s'annonce longue et belle pour les habitants de Brooklyn.

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Vous l'aurez compris, voici le premier sujet commun du forum. On vous invite vivement à y poster, c'est l'occasion de créer des liens et d'insérer encore un peu plus le personnage dans la vie du forum! Tout le monde est le bienvenu.
Le but étant que le jeu progresse vite dans ce sujet, vous pouvez vous permettre de poster court, histoire de faire avancer les choses. Bon jeu!

Vinz avait fui l’appartement en passant discrètement par l’escalier de service, celui qui courait le long du mur de briques. Il manqua d’ailleurs de se casser la jambe en glissant du dernier barreau de l’échelle et se retrouva les quatre fers en l’air. Fidèle à lui-même, Vinz resta allongé quelques minutes dans la ruelle de son immeuble, le temps de se remettre de sa chute. Etait-ce vraiment raisonnable de se relever ? N’était-ce pas là un signe que lui envoyait le grand tout cosmique, lui intimant de rester ici, entre deux poubelles et un clochard, pour qu’il médite sur sa condition et les mauvais choix qu’il avait sans doute fait dans une vie antérieure, lui valant un karma merdique dans celle-ci ? Le grognement belliqueux provenant du fond de la ruelle trancha pour lui et Vinz se releva en vitesse, ignorant la bosse qui se formait à l’arrière de son crâne pour retrouver une artère dégagée et beaucoup plus engageante. Maintenant qu’il était dehors, il ignorait quoi faire. Il avait juste voulu éviter une énième soirée passée à essayer d’engager la conversation avec sa sœur (et à se faire rejeter) et sur le moment, sortir par l’escalier de derrière lui avait paru être la meilleure solution. Observant autour de lui, Vinz remarqua une agitation inhabituelle – des gens qui portaient des sacs de provision et qui portaient des maillots de base-ball semblaient tous se diriger dans la même direction – et décida de suivre le mouvement, bien qu’il ne connaisse rien au base-ball. Sa filature peu discrète le mena jusqu’au Prospect Park et la vue de tout ce petit monde qui s’agitait lui tira un sourire. Sa petite escapade ne se révélait pas si désastreuse finalement et c’est sur cette pensée qu’il alla chercher un hot-dog au stand, misant sur le Bon Dieu pour lui offrir une rencontre sur le chemin.

« Hm, un homme avec une saucisse dans les mains, je ne peux pas résister… »
Tyler offre à l’inconnu qui se tient devant lui une moue alléchée, passe une langue gourmande sur ses lèvres et a tout juste le temps de s’essayer au regard langoureux avant que Lester ne lui shoote l’épaule pour l’envoyer dans le décor et libérer l’inconnu de son tortionnaire sexuel improvisé. Tyler a définitivement du mal à gérer son coming out. L’inconnu en question est grand, brun, relativement musclé (peut-être un joueur plutôt qu’un supporter ?) mais n’a pas cet air idiot qui accompagne d’ordinaire tout physique trop bien taillé. Il n’y a plus que Lester devant lui, qui lui jette un coup d’œil amusé et navré. Il lève sa bière en guise d’excuse et … salutations précoces. « Fais pas attention à ce type, il est en pleine cure de désintox, ça le fait délirer. Mange ton hot-dog comme si de rien n’était, ok ? » Tyler s’est relevé et fait la gueule à côté tandis que son regard zieute l’assemblée, peut-être à la recherche d’une nouvelle victime. Il va falloir se montrer vigilant. D’un signe de la tête, Lester désigne à l’inconnu en face de lui l’étendard suspendu au-dessus d’eux, en l’honneur de l’équipe gagnante – dont il n’a vu qu’un seul match dans son existence. « Fan des Dodgers ou t’es venu parce que t’as vu de la lumière? » Eux, ils s’étaient pointés pour la lumière, la musique, la bouffe et l’idée de passer une soirée au milieu d’inconnus. Les nouvelles rencontres possédaient ce charme rare en ces années où un simple passage sur Facebook vous faisait accéder à l’intégralité de l’existence chronologique de votre prochain. A cet instant, rien n’aurait pu lui faire plus plaisir que d’entamer la discussion avec un inconnu qui deviendrait peut-être un ami, si seulement Tyler ne l’avait pas abordé de façon aussi spectaculairement conne.

Tu ne prononceras pas le nom du Seigneur en vain, troisième commandement. Vinz abusait certainement du blaze du Tout-Puissant et c'est sans doute pourquoi il lui envoya Tyler, pour lui faire comprendre que les prières crétines et sans but, ça allait cinq minutes. Alors que Vinz s'apprêtait à croquer dans son hot-dog, un grand échalas concupiscent se dressa devant lui, ayant visiblement des intentions plus ou moins pornographiques à son égard. Alors qu'il se voyait déjà son corps flotter dans l'Hudson après avoir été victime de ce détraqué, Vinz vit son salut arriver sous la forme d'une bonne mandale bien placée et poussa un soupir de soulagement. « Ah euh oui ok. » fut tout ce qu'il parvint à bégayer à celui qui s'était porté à son secours, lançant un regard de côté au dénommé Tyler. Il n'avait plus du tout envie de manger en public et garda son hot-dog dans sa main, l'idée de croquer dedans dans le périmètre du dingo lubrique lui filant des sueurs froides. Le sourire tranquille et la voix assurée de l'autre type, en revanche, réussirent à lui faire relever le regard et il se heurta à sa simplicité confondante et ses allures de boy next door à barbe de trois jours. Vinz se passa une main dans les cheveux et jeta un vague regard à la scène avant de revenir offrir à son sauveur un sourire vaguement timide mais qui suffit à creuser ses fossettes. « Disons qu'à Brooklyn, je fais toujours confiance au hasard pour me divertir. » répondit-il, conscient qu'il ne satisfaisait aucunement la curiosité du bon samaritain. Un regard lui apprit que son 'agresseur' avait filé et il ne sut pas dire s'il fallait s'en réjouir ou pas. « Merci au fait. C'est ... euh... ton pote, le Tyler, là ? » qu'il bafouilla, pas très assuré. Parce que Vinz avait beau savoir qu'il ne fallait pas juger les gens sur leurs fréquentations (regardez Judas, il avait des potes en or), il n'avait aucun désir de faire copain-copain avec un autre prédateur sexuel – aussi séduisant était-il, et la pensée lui fit froncer les sourcils.

A New York, il est difficile de passer à côté des équipes locales. Ainsi, lorsque les Dodgers sont annoncés gagnants, tous les New Yorkais se précipitent afin d'aller fêter ça et tout le monde en parle. De la radio à la télévision, il est presque impossible d'ignorer qui sont les Dodgers et à quel point "leur parcours a été exceptionnel tout au long de la saison". Et si on fête l'événement, c'est évidemment parce que la ligue de Baseball a été créée à Brooklyn avant de déménager à Los Angeles pour des raisons qui me sont inconnues et dont je me fout éperdument. J'ai la chance de ne pas avoir un copain obnubilé par le sport, que ce soit le baseball, le soccer ou n'importe quel sport. J'ai du mal à supporter les hommes collés à leur télé chaque soir de match et qui pensent être impliqués dans le jeu simplement en criant après les joueurs depuis leur canapé. Ridicule. Alors si nous sortons ce soir avec Ash, ça n'est pas en l'honneur des Dodgers mais bel et bien pour avoir une occasion de sortir et de passer du temps avec d'autres personnes parfois inconnues. Et à vrai dire, à peine arrivée dans le parc de Brooklyn, je ne regrette pas le choix que nous venons de faire avec Ash. La décoration est géniale, l'ambiance est super agréable. Nous nous installons à une table, et Ash commence par me proposer un hot dog, chose qui ne peut pas se refuser. « J'veux bien, merci ! » L'installation du groupe attire mon attention et je ne cesse donc pas de les regarder. Finalement, lorsque cette activité fini par me lasser et que j'ai envie de marcher, je rejoins Ash dans la queue au stand de hot dog. Ma main s'aggripe à la sienne pendant qu'il semble menacer quelqu'un de « crier alerte au dépassement de file ». Je souris, amusée par le peu de conversation que je viens d'entendre. « Il essaye de vous racketter en fait ? Il menace toujours les gens de trucs qu'il fera jamais quand il essaye d'obtenir quelque chose... » dis-je à l'attention du brun qui se trouve devant nous. Un latino vraiment mignon – et oui, je tiens à le préciser.

Assuré, devant les hommes – ses égaux, donc – Lester l’est toujours, quoi qu’il arrive. Manquerait plus qu’il se mette à rougir devant une paire de couilles, pas vrai ? Monsieur Brune refuse toujours de porter les lèvres à son sandwich, signe qu’il est traumatisé pour de vrai. Ça fait sourire Lester, qui l’incite à se décoincer d’un signe de tête. « Mais mange ton hot-dog mec ! » Toujours rien, moue hésitante dont la politesse cache un « m’emmerde pas, ok ? » bien dosé. Il hausse les épaules. « Je vais m’en chercher un, on va se détendre, comme ça. » C’est aussi une façon polie de donner à Monsieur Brune l’occasion (rêvée peut-être) de se carapater. En moins de deux, il est pourtant de retour pile en face de lui tout en croquant sans gêne dans son hot-dog plein de ketchup, le regard rieur fixé sur lui. Il secoue l’index, genre mise en garde. « Attention avec ça (le hasard), il peut prendre beaucoup de visages. » Il désigne Tyler au loin d’un mouvement de tête et hausse les épaules. « Celui-là, entre autres. » Mais Monsieur Brune n’a pas l’air convaincu du tout par le potentiel hasardeux d’une rencontre avec Tyler. Hélas, ouais, l’énergumène n’est autre que le pote de Lester, de longue date avec ça, le genre de type que vous connaissez trop bien pour vous en détacher. Le mal est fait, comme on dit. Dans une tentative héroïque de dédramatiser la situation, il se penche légèrement vers Monsieur Brune, l’air confiant. « T’inquiète, il est pas méchant, juste un peu chaud de la bite, ça le regarde. » Ça n’est visiblement pas ce qu’il fallait dire. Il hausse un sourcil. Attendez, c’est quoi le problème en réalité, Monsieur Brune est trois fois plus musclé que Tyler, il pourrait le défoncer en un coup de coude, de quoi est-ce qu’il a peur exactement ? A cet instant, Brune ressemble ni plus ni moins à un bisounours dans le corps d’un action man. Ultime tentative : Lester sort sa seconde bière de la poche arrière de son jean et la lui tend. « Moi c’est Lester, et toi ? »

Faut savoir que je n'ai pas de patience. J'ai tendance à croire que si je veux que les choses se fassent au plus vite, elles doivent être faites par moi-même. Ceci explique donc mon initiative de dépasser tout le monde. Sérieusement, ils m'ont pris pour un con ? Comme si j'allais poireauter un quart d'heure pour un putain de hot-dog. Alors, ni vu, ni connu, j'me faufile dans la foule. Oups, excusez-moi mademoiselle, pardon monsieur. On m'lance quelques regards noirs, très bien, j'm'en fous. Tandis que je parviens enfin à m'frayer un chemin jusque la caisse, je sens une petite main taper sur mon épaule. Merde, là c'est le moment où tu vas te retourner, mon bonhomme, et que tu vas te retrouver face à un gros monsieur dégarni, dont les avants-bras font la taille de ton être tout entier. J'me prépare psychologiquement à frapper avant d'être frappé. Un, deux, trois.. Tout ça pour CA ?! J'reluque le type, puis soupire. « Mec, t'aurais pas du feu ? Enfin, je sais que t'en as mais si t'as pas envie de m'en faire profiter, j'pourrais crier alerte au dépassement de file » J'ricane bêtement avant de sortir mon briquet de ma poche. « C'est pas malin de jouer avec mes nerfs comme ça. », c'est dit sur le ton de la plaisanterie, mais je n'en reste pas moins sérieux pour autant. Tandis que je m'apprête enfin à commander mon hot-dog et récupérer mon briquet par la même occasion, mon regard vient se poser sur la magnifique plante chinoise qui vient agripper la main de mon prétendu agresseur. « Il essaye de vous racketter en fait ? Il menace toujours les gens de trucs qu'il fera jamais quand il essaye d'obtenir quelque chose... » Dios Mìo ! Si elle n'était pas accompagnée, vous pouvez être sûre que je l'aurais accostée. « C'est un plaisantin, ton copain. » Je leur adresse à chacun un sourire puis me tourne vers le caissier : « Trois hot-dogs, s'il vous plait. » Une fois servi, je tends à mes deux nouveaux compagnons leur dû, puis paie ma part. Ben quoi ? J'ai déjà pas mal de problèmes financiers, ce n'est pas pour, en plus de cela, inviter des inconnus. Manquerait plus que ça, tiens. Encore, si mademoiselle avait été seule... Mais ce n'est pas le cas. Donc, chacun pour sa gueule.

Affublée de sa casquette et de sa chemise des Dodgers, Charlotte avait décidée de rejoindre le reste du quartier pour célébrer la victoire de son équipe de baseball. Bien heureuse d'avoir choisi de soutenir la bonne équipe, la jeune femme se dirigea vers le stand des boissons afin de commander un hotdog et une bière avant même de vérifier qui pouvait bien s'y trouver. Voyez-vous, Charlie, sous ses allures de jeune femme, avait parfois des habitudes de rustre, et en oubliait même la politesse. Elle avait à peine salué les quelques personnes qu'elle connaissait sur son chemin, ce que certains avaient pris à coeur, gueulant son nom et n'hésitant pas à lui balancer qu'un peu de respect n'avait jamais tué personne et que d'autres avaient accueillis d'un haussement d'épaules et d'un sourire amusé. Elle répondit d'un doigt d'honneur très classe aux quelques remarques désobligeantes et put enfin commander de quoi se restaurer. Elle attendit d'avoir pu enfin tremper ses lèvres dans la bière pour observer les décorations et chercher une tête connue qui l'inspirerait ce soir-là. Elle repassa devant le groupe qui l'avait salué auparavant et s'installa aux cotés de l'un d'eux, avec toute la classe qui la caractérisait. Les jambes écartés, les coudes sur les genoux, elle mordit allègrement dans son hot-dog et s'enquit de savoir la bouche pleine (Charlie se moquait bien des convenances et de l'attitude qu'elle devait avoir en tant que filles, mais d'un autre coté, personne ne lui avait jamais appris comme une « lady » devait se comporter.) ce qu'il était devenu depuis la dernière fois. « Yo, quoi d'beau ? » C'était l'un des avantages à vivre dans un quartier pareil. Tout le monde connaissait tout le monde, et même il s'agissait de personnes que vous n'aviez pas vu depuis dix ans, il suffisait de les traiter comme si vous ne les aviez pas vu depuis deux jours. Du moins, c'était ce que notre chère blonde au hotdog ketchupé avait toujours fait et qui pouvait parfois donner l'impression qu'elle connaissait tout Brooklyn. Pourtant, la plupart du temps, la demoiselle s'adressait à des personnes qu'elle n'avait croisé qu'une ou deux fois, ou à qui elle n'avait jamais adressé la parole, simplement pour le plaisir de voir leur réaction. Elle poussait même parfois le vice (il arrivait à Charlie d'être d'humeur machiavélique) à aller s'adresser à de parfaits inconnus comme si ils avaient autrefois été les meilleurs amis du monde et que l'individu avait simplement oublié tout d'elle – ce qui la blessait profondément, cela va de soi.

Sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment, Daphne s'était retrouvée à Park Slope au bon moment. Revenant d'une de ses habituelles promenades dans les quartiers de Brooklyn, elle avait été interpellée par le son de la musique jouant au loin. Daphne s'était alors souvenue de ce prospectus qui avait traîné sur la table du salon pendant des jours et des jours, auquel elle n'avait accordé qu'une attention très modérée. Il s'agissait d'une soirée organisée dans Prospect Park, en l'honneur de l'équipe locale de base-ball. Sur le coup, elle avait pensé ne pas y aller. Ce n'était pas un sport qui l'intéressait, et puis elle n'était pas une habitante de Brooklyn comme les autres. Ca ne faisait que deux mois qu'elle était là : Daphne aurait été bien incapable de donner ne serait-ce que le nom de l'équipe. Maintenant qu'elle était là cependant, autant aller y faire un tour pour voir de quoi il retournait.
Certains habitants s'étaient affublés de tenues aux couleurs des Dodgers, tandis que d'autres - comme elle - s'étaient contentés de leurs vêtements habituels. D'un coup d'oeil, elle repéra quelques personnes qu'elles connaissaient, mais elle n'eut pas envie d'aller vers eux. Parmi eux, Antonio.. Elle fit en sorte qu'il ne la voie pas, en se dirigeant vers un homme qu'elle avait déjà eu l'occasion de rencontrer. En réalité, elle ignorait tout de lui, jusqu'à son nom. Ils s'étaient simplement vus lorsqu'elle allait déposer des CV. Il travaillait dans une petite librairie, où ils avaient eu l'occasion d'échanger quelques mots. C'était donc une surprise assez agréable pour Daphne de le voir ici. L'occasion aussi de rappeler qu'elle avait postulé pour devenir sa collègue, entre autres. Elle s'arma donc de son plus beau sourire en allant vers lui d'un pas assuré. « Bonsoir! Quelle surprise de se croiser ici. On s'est déjà rencontrés.. Daphne Ioannidis. Je suis passée dans votre librairie hier, pour un job ? » Elle espérait sincèrement qu'il la reconnaisse, et accessoirement, qu'il s'agisse bien de lui.

(Je précise, il s'agit de Charlie Lane, qui va poster plus tard dans le sujet. Mais si vous voulez venir discuter avec Daphne, ça n'empêche rien, au contraire !)

C’est surtout pour éviter les coups de fils intempestifs que Callan se trouvait là, au milieu d’une dizaines de supporters des Dodgers. Il ne savait pas trop comment, mais l’une de ses sœurs avait réussi à obtenir son numéro de téléphone à l’appartement et elle ne cessait depuis de l’appeler, laissant des messages larmoyants sur son répondeur. Le fait qu’il ait cessé de répondre à son portable y était sûrement pour quelque chose. Si seulement il avait su comment bloquer l’accès à son numéro, il l’aurait fait. Il avait bien eu envie de débrancher tout appareil susceptible de servir de moyen de communication mais sachant pertinemment qu’il pouvait être appelé pour une urgence à tout moment de la journée ou de la nuit, il n’avait pas osé franchir ce pas. Abandonnant donc son appartement – seul endroit où il se sentait pourtant à l’abri jusqu’à il y a peu – il partit en reconnaissance, en quête d’une idée pour le distraire. Il avait pris soin de mettre son téléphone sur silencieux avant de le glisser dans sa poche et avait entrepris un repérage en bonne et due forme et c’est par pur hasard qu’il avait débarqué au milieu d’une bande de supporters bariolés aux couleurs locales. Instinctivement, Callan les avait suivis, devinant qu’au moins, là où ils allaient, il y aurait de l’ambiance. Et il ne s’était pas trompé lorsqu’ils étaient arrivés au parc où tout Brooklyn semblait s’être donné rendez-vous. N’ayant aucun attirail pour se mêler à la foule, Callan acheta une casquette et un verre de coca surdimensionné avant de s’immiscer au cœur de la fête, la paille maltraitée par ses dents. Peu habitué à ce genre d’effervescence – celle qu’il avait fuie toute sa vie, ou presque, en fait – Callan se sentait comme un cheveu dans la soupe mais plutôt que de céder à l’envie de retourner se terrer chez lui, et donc risquer d’être assailli de coups de fil, il observa les visages radieux qui le cernaient, peinant à comprendre qu’on puisse être aussi enthousiasmés par une simple victoire d’une équipe. Loin d’être mal à l’aise parce qu’il était seul alors que, tout autour de lui, tous semblaient se connaitre, Callan n’hésita cependant pas lorsqu’il aperçut la chevelure blonde de Charlie. En quelques enjambées, il rejoignit la demoiselle – qui n’en avait que le nom – et s’installa près d’elle, comme s’il cherchait à disparaitre alors qu’il était coursé par la police. « Il faudra que tu m’expliques comment tu peux apprécier un truc aussi immonde » lâcha-t-il en désignant son hot-dog d’un coup de menton. « Et comment un être humain normalement constitué est censé s’enfiler un truc pareil » ajouta-t-il en brandissant son verre plein. C’est qu’avec ses horaires décalés et son besoin chronique de travailler, il ne mangeait jamais grand-chose et se contentait donc de plats sains qu’il commandait chez un traiteur du quartier.